dimanche 8 janvier 2012

L'indispensable jardin municipal

La vie citadine a besoin de moments de respiration. Rien de tel pour cela que  le contact avec la nature. On peut évidemment avoir son propre jardin ou passer le week-end dans sa 'maison de campagne', mais ce n'est jamais, dans une grande agglomération, accessible au plus grand nombre. Pour cela, les jardins et espaces verts publics ont un rôle vital. On en trouve de différentes variétés, depuis les squares de quartier jusqu'aux vastes bois parisiens. 'une autre ville' vous propose un petit voyage dans un parc remarquable.



Nous allons prendre ici l'exemple du parc de la tête d'or à Lyon (photo du milieu). On pardonnera j'espère à l'auteur, lyonnais d'origine, ce partis-pris. Ce jardin réunit de remarquables qualités. Il est clos, fermé la nuit et surveillé, ce qui est possible car il n'est pas trop grand: environ 100 hectares (1 km2). Ce jardin ne sera donc jamais détourné de son utilisation par les sans-abris et prostituées qui par exemple colonisent les bois parisiens. Les sans-abris et prostituées doivent évidemment être traités le plus humainement possibles, mais un espace  vert dans une ville  dense est si vital au bon équilibre des citadins qu'il doit être protégé en priorité. Le parc est par contre suffisamment vaste pour qu'une visite soit un dépaysement complet, contrairement par exemple au jardin des Tuileries (photo du haut), superbe par ailleurs, mais qui ne donne jamais l'impression d'avoir quitté la ville. Le parc du grand-rond à Toulouse (photo du bas) est également très beau, mais probablement trop étroit pour jouer ce rôle. Au contraire, à la tête d'or, il a un lac, et une petite forêt, complète avec ses fougères et son lierre sur le sol, où l'illusion est complète. Le parc est aussi suffisamment grand pour que même en période d'affluence (jusqu'à 65.000 visiteurs par jour), on s'y sente à l'aise. Il est aussi bien entretenu, et propose même, ce qui est un luxe, l'accès gratuit à un zoo et à des serres tropicales.


Le coût de ce parc, qui est plutôt luxueux, est très raisonnable: environ 7 M€ par an, financée par la ville. Cela représente une dépense d'environ 15€ par an pour le bassin d'environ 400.000 habitants qu'il dessert. Ce parc, remarquable par ailleurs, pourrait d'ailleurs être organisé différemment pour être encore moins une  charge pour la municipalité. On peut penser par exemple à rendre payante d'un prix modique l'accès au zoo et à la serre (un ou deux euros par exemple, avec la possibilité d'une carte famille peu coûteuse sur l'année). On pourrait réfléchir aussi à déléguer une partie de l'entretien à des associations de jardiniers: la plupart des citadins ne souhaitent pas faire de jardinage, mais ceux qui vivent en appartement et souhaitent mettre les mains dans le terreau apprécieraient sans doute cela. On pourrait réfléchir aussi, sans tomber dans les travers du bois de Boulogne, à augmenter le nombre de concessions, en ajoutant quelques restaurants ou quelques cafés, qui évidemment paieraient pour cet emplacement fantastique. Le parc en est actuellement plutôt faiblement équipé.

Si l'on compare un parc à d'autres subventions publiques, il apparaît comme un excellent investissement, d'autant que le parc est utilisé par un large public de toutes classes sociales: les quartiers populaires de Villeurbanne ou de Vaulx-en-Velin ne sont qu'à quinze minutes en métro. Et pour les familles modestes, un pique-nique au parc est un substitut aux vacances. Les classes aisées ne sont pas oubliées puisque les environs du parc sont un des quartiers de résidence  les plus chics de Lyon. La subvention publique pour le parc  (7M€) est un quart de celle de l'opéra de Lyon (soit 28M€). Le public de l'opéra est évidemment moins large, et plus élitiste, et on peut discuter de la réelle valeur ajoutée, pour ceux qui aiment l'opéra, d'un spectacle "vivant" par rapport à un enregistrement qui ne coûte presque rien. S'il y a un arbitrage entre les deux types d'investissement, la décision est évidente. Notons aussi que les piscines municipales, autre équipement sportif important, représentent environ 3M€ de subventions.


Un parc comme celui-là occupe un espace très raisonnable de 1km2 pour une zone d'attraction 20 fois plus grande, et pour la plupart constituée d'un habitat urbain dense: immeubles donnant sur la rue sans aucun espace vert. Cette solution offre un meilleur service, et pour une meilleure occupation de l'espace que la construction d'immeubles entourés individuellement de petits espaces verts. Elle est aussi beaucoup plus efficace à tout point de vue qu'une zone pavillonaire. Il est également probablement plus efficace d'avoir des parcs de cette taille que les grands bois parisiens. Il y a évidemment des conditions pour que cet urbanisme soit un succès, et la sécurité de cet espace vert public en est probablement la première. 

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