samedi 21 janvier 2012

Faut-il rendre la Corrèze à la nature ?

Les consensus politiques sont dangereux, car personne ne les remet jamais en cause. il en est ainsi de la politique d'aménagement du territoire, c'est à dire la subvention par l'état des zones rurales les moins favorisées. Un bon symbole en est l'A75, autoroute de Clermont-Ferrand à Montpellier, une des rares autoroutes gratuites françaises, vide la plupart du temps. Cet investissement est choquant dans une période où l'état n'est pas capable de rénover et d'entretenir correctement les lignes de train d'Ile de France, qui concernent pourtant 8 millions d'habitants alors que l'A75 dessert, en comptant large, une zone de 600.000 habitants. "Une autre ville" souhaite poser la question: faut-il rendre la Corrèze ou la Lozère à la nature, et rassembler la population dans des zones plus propices aux activités humaines ?


Une bonne façon de mesurer l'inefficacité de ces  petites villes sous perfusion de l'état est de regarder le pourcentage de la population qui fait partie de la fonction publique. C'est entre 5 et 10% dans les grandes métropoles, qui disposent pourtant de toutes les administrations nécessaires. Cette proportion peut monter à 60 ou 80% pour certaines  préfectures de régions rurales. Cela  veut dire que ces villes n'ont aucune industrie qui profite au reste du pays, mais ne sont peuplés que des fonctionnaires et des boulangeries qui les alimentent. Certes, les campagnes alentours développent une  agriculture marginale. Cette agriculture produit parfois des aliments de luxe, fromages et viande de qualité, mais ceux-ci seraient de toute façon rentables même sans aide de l'état.

Vivre dans une grande agglomération est cher, et le pays doit aussi offrir des zones d'habitation moins onéreuses, mais celles-ci peuvent s'installer à proximité des grandes voies de communication et des grandes métropoles. Même sans aménagement du territoire, les petites villes qui longent l'autoroute Lyon-Grenoble sont viables: elles servent en particulier de cité dortoir pour les emplois situés à la périphérie de ces deux grandes agglomérations.

Une France qui oublierait cet aménagement du territoire nuisible s'organiserait probablement autour de 6 à 7 métropoles qui dépasseraient les 2 à 3 millions d'habitants: Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux , Nantes et peut-être Strasbourg, avec des centres urbains secondaires de moins d'un million d'habitants répartis autour des axes  principaux de communication, qui sont à peu près les lignes TGV actuelles. De nombreuses régions seraient rendues a peu près à la nature: Alpes du Sud, une grande partie du massif central, les Vosges, les Ardennes. 


Evidemment, les régions à rendre à la nature ne seraient pas entièrement vides d'habitants, et il faudrait bien un minimum de services publics, mais ces derniers devraient probablement  être réorganisés pour avoir un coût raisonnable: on peut ainsi  imaginer que l'état ne fournisse que des collèges en internat pour les zones peu denses, ainsi qu'une systématisation de la télémédecine et des urgences en hélicoptère pour limiter le nombre d'hôpitaux ou de maternités. On  peut mentionner aussi un courrier qui n'arrive que toutes les semaines. Tout ceci existe déjà dans les zones peu peuplées d'Amérique du nord, sans drames humains.

On peut comprendre que ceux qui bénéficient de services publics de qualité tout en vivant en pleine nature souhaitent préserver leurs privilèges, et les défendent avec acharnement. Une connaissance m'expliquait ainsi que sa maternité rurale lui offrait un service bien meilleur que celui des grandes villes. Mais dans un pays en  crise, et où d'autres, plus nombreux sont moins bien  servis, ce petit confort ne peut être une priorité. Enfin, rendre à la nature des parcelles de notre territoire auraient certainement des bénéfices écologiques, en permettant à des espèces sauvages de survivre. Alors que nous avons chassé les cerfs de la Beauce, il est honnête de leur laisser la Corrèze  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire